Italie

Ancienne colonie spartiate, Taranto est, pour ses ruines grecques, son château aragonais et ses palazzi seigneuriaux, l’une des destinations les plus fascinantes des Pouilles. Voici le guide pratique de Taranto.

Taranto, une ville apulienne à deux visages

Au sud de Rome, Taranto, est un port commercial prospère et un chantier naval de premier ordre. Fondée au viiie siècle avant l’ère chrétienne, l’ancienne colonie grecque de Taras est devenue la troisième métropole du Sud de l’Italie. Si le futur de Taranto est dans le développement industriel, une adorable ville musée se découvre lorsqu’on se donne la peine de déambuler dans le centre historique. Qui n’est jamais venu à Tarante sans rêver de sa forteresse aragonaise qui domine fièrement la mer Ionienne ? L’esplanade du château abrite des ruines grecques et byzantines. Que l’on pense au trésor de l’art baroque qu’est la cathédrale Saint-Cataldo. Que l’on considère les innombrables palazzi à chaque ruelle, témoignages de l’époque où les notables génois, florentins ou angevins administraient la ville. Le Musée archéologique national est également à inclure dans le carnet d’adresses. Si le visiteur est tombé amoureux du riche patrimoine de Tarante, il le sera encore plus des délices du terroir. Hôtels et restaurants étoilés servent une cuisine à base de calamars, de poulpes et de poissons, toujours arrosée d’huile d’olive.

Histoire

La ville côtière de Tarante, au nom original de Taras, a connu son âge d’or durant l’époque hellénistique. Retracer l’histoire de la ville dans l’ordre chronologique est un défi. Les Romains n’ont fait que prendre Tarante aux Grecs de Sparte et piller toutes les richesses de la colonie. Les Byzantins, les Sarrasins et les Normands n’ont pratiquement laissé aucune trace. Le régime féodal imposé par les maisons royales d’Aragon, de Souabe et d’Anjou et le duché de Normandie n’a guère profité à Tarante. Ces princes d’Europe ont brillé plus par leur ostentation que par un réel souci de leurs sujets. Après avoir été la ville la plus prospère de la Magna Grecia, Taranta sombra dans une longue décadence avant de ressusciter à l’époque contemporaine en s’affirmant comme une puissance navale et industrielle.

Selon l’écrivain grec Antiochus de Syracuse, Tarante a été fondée par les Parthéniens au xviiie siècle av. J.-C. Se conformant à l’oracle de Delphes, leur chef Palanthus s’est rendu dans les Pouilles et y fonda une nouvelle ville. Il la baptisa Taras, du nom du fils de Poséidon. Très vite, la colonie grecque a acquis de l’importance sur le plan économique et culturel au point de commander sur toute la côte du sud de l’Italie. Elle a battu ses propres pièces de monnaie : le nomos, sur lequel on voit le dieu Taras chevauchant un dauphin. Elle fut un brillant centre de production de poterie. Des vases à motifs raffinés ont été produits dans les ateliers de la ville, puis vendus dans toutes les Pouilles. C’étaient surtout des amphores en argile rouge utilisées lors des cérémonies d’offrande funéraire. Le rayonnement artistique se doubla d’un rayonnement intellectuel. Beaucoup de penseurs, d’hommes de lettres, de poètes et de diplomates de la Grèce antique sont issus de Taras.

Au début du xviiie siècle, l’Italie fut soumise au pouvoir des Bourbons. Taranto accueillit un gros chantier naval dans le contexte des affrontements contre les Anglais et les Russes. Le jeune Choderlos de Laclos a péri dans ces affrontements. Au début des années 1960, le groupe Italsider fit de Taranto un site important de production et de transformation de l’acier. La croissance industrielle prit un rythme effréné. Bientôt apparurent les raffineries de pétrole, les usines chimiques et les firmes d’agrobusiness.

Aujourd’hui

La capitale de la province de Tarente est la « ville des deux mers », la Taras grecque ou Tarente, qui compte un effectif de 198 000 habitants. Elle donne l’exemple d’une destination authentique, comme les aiment les voyageurs d’aujourd’hui. La poursuite du développement industriel et commercial n’a pas été une excuse pour tourner le dos au passé. La vieille ville, dominée par son château musclé, est située sur un îlot artificiel au bord d’une lagune. La ville nouvelle obéit, quant à elle, à un plan d’urbanisme formel avec ses larges avenues envahies par les cafés, les restaurants, les boutiques et les hôtels de tourisme. D’une manière générale, les circuits touristiques en Italie ne font aucun cas de Taranto. Pourtant, son illustre passé hellénistique est, à notre avis, une raison suffisante pour s’y arrêter lors d’un voyage dans les Pouilles.

Lieux d’intérêt incontournables

Taranto est une destination à deux visages. La Borgo Novo fera le bonheur des inconditionnels de shopping et comblera les fins gourmets. Les amateurs d’authenticité se dirigeront volontiers dans la Borgo Antico. Un joli pont tournant permet de regrouper l’une et l’autre sous une perspective saisissante.

Promenade au marché

Prenez la peine de vous attarder dans la Borgo Novo le temps d’une détente gourmande. En allant dans les épiceries fines, vous trouverez un large choix de vins, de poissons et autres spécialités agro-alimentaires.

Patrimoine archéologique

Le Musée national archéologique de Tarante 

Le temps vous manque-t-il pour tout voir ? Oubliez les autres monuments mais visitez à tout prix le Musée archéologique national de Tarente ou MArTA. Si vous êtes curieux de connaître les dates clé de l’histoire de Tarente et de découvrir la plus riche collection au monde de statues grecques en terre cuite, ne vous faites pas prier pour pousser les portes de MArTA. Mais la pièce maîtresse du musée est à rechercher dans les céramiques. Cratères à motifs rouges, bols de libation, assiettes de poissons, coupes laconiennes décorées de cétacés, etc. La créativité des artistes est remarquable ! Mis à part ces vases peints, le musée abrite également des pièces de monnaie et d’orfèvrerie.  

Patrimoine culturel et religieux

Le château fort aragonais 

Situé à 150 mètres au-dessus du niveau de la mer, le château aragonais est sans conteste le plus beau chef-d’œuvre architectural de Taranto. C’est vers la fin du xve siècle que le souverain Ferdinand II d’Aragon donna l’ordre de construire cette forteresse militaire. Plus tard, le bâtiment troqua sa vocation militaire contre celle d’un centre pénitentiaire. Sur la Piazza Castello, le visiteur sera agréablement surpris de voir des colonnes doriques d’un ancien temple de Poséidon et des mosaïques raffinées, souvenirs de l’occupation grecque et byzantine.

La cathédrale de Tarante

Avec sa façade baroque flamboyante, exécutée par l’architecte Mauro Manieri, la cathédrale de Tarante est le monument religieux le plus célèbre de la ville. L’église, édifiée par les Byzantins au xe siècle, a été dédiée tout d’abord à sainte Marie Madeleine, avant d’être rénovée en l’honneur de l’irlandais Cataldo, le saint patron de Taranto. L’intérieur recèle des œuvres d’art exceptionnelles. Ainsi, les fresques de De Matteis, consacrées à la vie du saint et à ses miracles, recouvrent le dôme de la chapelle de San Cataldo.

Le pont Giverole 

Pendant que vous y êtes, ne manquez cet ouvrage d’art monumental de Tarante. Inauguré en 1958 par le président italien Giovanni Bronchi, le pont Giverole relie la ville médiévale située sur la lagune Picollo au continent. La vue sur le pont est remarquable au coucher du soleil.

L’église San Domenico Maggiore

L’église Saint-Dominique hésite entre l’art roman et gothique. Elle occupe le local d’une ancienne forteresse édifiée en 1223 par le souverain Ferdinand II. Sa façade austère, ornée d’une rosace et d’un portail gothique, laisse quelque peu transparaître de son passé guerrier. 

Le magnifique palais d’Alaya Valva

En circulant dans la vieille ville, vous observerez d’élégantes demeures seigneuriales du xviie et du xviiie siècle. Parmi celles-ci, ne manquez pas le palais d’Alaya Valva qui servit de pied-à-terre aux ministres et aux membres de la cour royale, lorsqu’ils étaient de passage à Tarante. Le palais Pantaleo et le palais d’Amati valent également le détour. Les nobles familles construisaient leurs résidences en pierre de taille et étudiaient le plan d’orientation de telle sorte qu’elles jouissaient d’une vue panoramique sur la mer. Les étages supérieurs abritaient des chambres élégantes et décorées de fresques murales alors que le rez-de-chaussée était réservé aux domestiques. Le manoir comportait généralement un sous-sol où sont affectés les entrepôts, les caves de vins, les puits et les citernes.

Quand partir à Tarante ?

Juin, juillet, août et septembre sont les meilleurs mois pour planifier des vacances balnéaires à Taranto. Le ciel est d’un bleu intense à cette période de l’année, et les précipitations enregistrées sont négligeables.

Comment s’y rendre ?                                                                                              

On peut se rendre à Tarante par les airs, la route ou les rails. L’aéroport de Tarente-Grottaglie est juste à 16 km du centre-ville de Tarente, sauf qu’il n’y a pas de vols réguliers. Les aéroports les plus proches proposant des liaisons régulières sont à Brindisi et à Bari. Le plus pratique est de prendre le bus ou le taxi.

Vous aimerez…

• Faire une balade hors du temps dans le centre historique ;
• Immortaliser en photo la cathédrale baroque de Tarente ;
• Rendre hommage au château fort aragonais ;
• Visiter les élégants palazzi ;
• Admirer la collection de poteries grecques du musée archéologique ;
• Déguster les produits du terroir.