Le plus petit mammifère au monde : la chauve-souris bourdon de Thaïlande - Nomadays

Thaïlande

La chauve-souris bourdon : le plus petit mammifère au monde se trouve en Thaïlande

22 mars 2025

Saviez-vous que la Thaïlande est le seul pays du globe, avec la Birmanie, à être le refuge du plus petit mammifère au monde ? Il s’agit de la chauve-souris bourdon aussi appelée Kitti à nez de cochon (ou Kitti à nez de porc). Cette chauve-souris miniature, pas plus grande qu’un pouce, se trouve essentiellement dans la province de Kanchanaburi, sur le bassin de la rivière Kwaï Noi, au centre ouest de la Thaïlande. On vous en dit plus...

Qu’est-ce que la chauve-souris bourdon ?

La chauve-souris bourdon, de son nom scientifique Craseonycteris thonglongyai, est une espèce de chauve-souris de l’ordre des chiroptères. Elle constitue la plus petite chauve-souris au monde et le plus petit mammifère de la planète. Elle doit d’ailleurs son nom en raison de sa petite taille. En effet, elle ressemble à un insecte volant. 

Comme l’explique Soisook, le conservateur des mammifères au Musée d’Histoire Naturelle de la Princesse Maha Chakri Sirindhorn en Thaïlande, ces mammifères sont si petits qu’ils « ressemblent juste à des points noirs sur les parois de la grotte ; vous pourriez ne pas réaliser qu’il s’agit en fait de chauves-souris si vous n’alliez pas voir de plus près. »

On la surnomme également Kitti à nez de porc (ou Kitti à nez de cochon), un nom inspiré de celui qui a découvert l’espèce en 1973 dans une grotte calcaire du parc national thaïlandais de Sai Yok : le zoologue thaïlandais Kitti Thonglongya. Quant au terme « nez de cochon », il fait simplement référence à son museau semblable à celui d’un petit cochon.

Où trouve-t-on la chauve souris bourdon dans le monde ?

La chauve-souris bourdon est une espèce qui habite les grottes et cavernes à l’instar des autres espèces de l’ordre des chiroptères. Son aire de répartition se situe uniquement en Thaïlande et en Birmanie, ce qui en fait une espèce rare. En effet, selon des études menées entre 1997 et 2008, la Kitti à nez de porc n’a été recensée que dans 44 grottes de l’Ouest de la Thaïlande et 5 grottes du Myanmar (Birmanie).

À quoi ressemble la chauve-souris bourdon ? 

La chauve-souris bourdon est considérée comme le plus petit mammifère au monde de par sa taille : elle ne mesure qu’entre 2,9 et 3,3 cm et pèse environ 2 g. Pour vous donner une idée, elle est plus petite qu’un pouce ! En revanche, il ne s’agit pas du mammifère le plus léger du règne animal. À titre de comparaison, le Pachyure étrusque, une musaraigne d’Europe mesure entre 5,4 et 8,4 cm, mais ne pèse que 1,8 g.

Outre ses petites dimensions, la Kitti à nez de porc se caractérise par une petite tête composée de petits yeux en grande partie cachés par sa fourrure et d’oreilles plus larges que sa tête. Elle dispose d’un museau enflé avec des narines fines et verticales dont la forme rappelle le museau d’un cochon. 

Son manteau est de couleur brune, rougeâtre ou grise avec des parties inférieures plus pâles. Elle a des ailes larges d’une envergure de 7,5 cm lui permettant de planer et d’effectuer des vols stationnaires. Elle a la particularité d’être dépourvue de queue apparente et de calcar.

Quel est son mode de vie ?

   

La chauve-souris bourdon passe la majeure partie de son temps à dormir, suspendue au plafond des cavernes et grottes grâce à ses griffes. Cet animal nocturne ne sort que deux fois par jours : environ 20 minutes à l’aube et 30 minutes en fin de journée, après le coucher de soleil. Ces brèves sorties en extérieur lui permettent de se nourrir. 

Pour chasser les insectes, la Kitti à nez de cochon utilise l’écholocalisation. Cette technique, que l’on peut comparer à celle d’un sonar, consiste à envoyer des sons (souvent très aiguës et inaudibles pour l’homme) et à écouter leur écho afin de se repérer dans l’environnement et repérer d’éventuelles proies. 

Mais alors que mange la chauve-souris bourdon ? Son repas fétiche se compose de petites mouches (telles que les Chloropidae, Agromyzidae et Anthomyiidae), d'hyménoptères et de psocoptères. Elles les attrapent principalement en vol en les cueillant avec ses pattes. Il lui arrive aussi de consommer des fruits, ce qui lui donne un rôle de pollinisateur et de disperseur de graines. Dans tous les cas, elle est réputée pour réguler les populations d’insectes nuisibles.

La chauve-souris bourdon vit généralement en colonie dont la taille varie. On trouve des colonies de 15 individus comme des colonies de 100 individus, voire plus ! Après la reproduction, les femelles donnent naissance qu’à un seul petit chaque année au mois d’avril. 

La chauve-souris bourdon est-elle menacée ?

Espèce rare présente uniquement dans deux pays du monde, la chauve-souris bourdon a été classée en tant qu’espèce en danger sur la liste rouge de l’UICN pendant près de 12 ans. En 2008, après la découverte de nouvelles populations à la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie, elle fut déclassée et figure depuis sur la liste des espèces quasi menacées. 

Pour autant, l’espèce reste vulnérable et se montre particulièrement sensible aux perturbations environnementales. Parmi les menaces qui pèsent sur la chauve-souris bourdon, on peut citer :

  • La dégradation de son habitat naturel : la déforestation, l’urbanisation, les carrières, l’agriculture et la collecte de guano affectent grandement les zones de repos et d’alimentation des chauves-souris ;
  • Les activités humaines : selon les écologistes, la présence d’humains dans les grottes (comme les moines qui utilisent les grottes comme lieu de méditation et les visites non réglementées des touristes) peuvent avoir un lourd impact sur l’espèce en perturbant leur mode de vie ;
  • L’utilisation de pesticides : les pesticides utilisés pour limiter la présence d’insectes nuisibles contribuent à réduire les sources d’alimentation des chauves-souris ;
  • Le dérèglement climatique.

En Thaïlande, la chauve-souris bourdon est protégée par la loi. Des réserves naturelles et des programmes de suivi des populations ont été mis en place pour tenter d’assurer la survie de l’espèce. 

Où voir la chauve-souris bourdon en Thaïlande ?

Vous vous demandez où peut-on trouver la chauve-souris Kitti à nez de porc en Thaïlande ? La population de chauve-souris bourdon est limitée qu’à une seule région : la province de Kanchanaburi, plus précisément dans les grottes et cavernes situées dans les environs du bassin de drainage de la rivière Kwaï Noi. On la trouve principalement dans les grottes du parc national de Sai Yok et parfois dans le parc national d’Erawan.

Des excursions permettent aux touristes de tenter d’aller voir des chauves-souris bourdon de plus près. C’est le cas de la grotte Khang Khao, une grotte calcaire située à seulement 2 km du centre d’accueil des visiteurs du parc national de Sai Yok ou encore la grotte de Lawa. 


Comment voir les chauves-souris bourdon sans les déranger ?

Mais comme on le disait précédemment, la présence humaine peut perturber leur équilibre. C’est pourquoi, on vous conseille de choisir un opérateur respectueux de l’éthique animale. Par ailleurs, il est fortement recommandé de rester en dehors des grottes pour ne pas les déranger.

L’idéal ? Prévoir une sortie à l’aube ou au coucher du soleil et rester à une dizaine de mètres de l’entrée de la grotte afin de les voir sortir et entrer lors de leur recherche de nourriture. Évitez de faire des gestes brusques, d'être bruyant et n’utilisez pas le flash des appareils photos.

Enfin, veillez à éviter les visites durant les mois d’avril et mai qui correspondent aux périodes de reproduction.

Les populations thaïlandaises et birmanes en cours de spéciation ?

Des recherches récentes laissent supposer que les populations de chauve-souris bourdon de Birmanie et de Thaïlande pourraient être deux espèces distinctes. Du moins, les scientifiques pensent qu’elles sont en cours de spéciation, c’est-à-dire un processus évolutif par lequel de nouvelles espèces vivantes se forment à partir d'ancêtres communs. Bien que des données manquent pour confirmer ce phénomène, une étude sur la fréquence des cris d’écholocation a permis de révéler des différences notables entre les deux populations. 

Comme l’explique Soisook : « Nous ne pouvons pas les désigner comme des espèces différentes, mais au moins, nous savons qu’elles sont actuellement en processus de spéciation.  Ceci offre aux scientifiques une opportunité fascinante : ils pourraient être en mesure d’étudier un mammifère en train de se séparer en deux espèces, ou sous-espèces. Mais pour que cela arrive, les écologistes doivent bien sûr s’assurer qu’aucune de ces deux populations ne disparaissent. »

 

Pour aller plus loin sur le même sujet, découvrez aussi :

 

Florine Dergelet