Mosquée Iljaz Bej Mirahori - Nomadays

Albanie

Mosquée Iljaz Bej Mirahori

Située dans la ville de Korçë en Albanie, la mosquée Iljaz Bej Mirahori est l’une des plus anciennes et des plus emblématiques mosquées du pays. Érigée à la fin du XVe siècle, c’est un témoin de l’influence ottomane en Albanie et un symbole important de l’histoire religieuse et culturelle de la région. Pour quiconque visite l’Albanie, un passage par cette mosquée emblématique est un voyage à travers les siècles, une rencontre avec un patrimoine riche et une culture vibrante.

Historique et contexte

La mosquée Iljaz Bej Mirahori fut construite vers les années 1494-1495 par Iljaz Bej Mirahori (ou Imrahor Ilyas Bey). Ce dernier était un commandant militaire ottoman d’origine albanaise, sous les ordres du sultan Bayezid II, et par la suite du sultan Mehmet II. Il joua un rôle clé dans l’expansion de l’Empire ottoman dans les Balkans. Après une brillante carrière militaire, il obtint des terres et fonda la ville de Korçë et décida de bâtir une mosquée pour sa communauté ainsi que d’autres structures importantes.

La mosquée Iljaz Bej Mirahori est le premier édifice ottoman classique d’Albanie et la plus ancienne bâtisse à couple du pays. Initialement, elle appartenait à un ensemble de structures socioculturelles comprenant :

  • Le lieu de culte
  • Le mausolée monumental du fondateur
  • Les bains
  • Les annexes religieuses (waqf).

La tour de l’horloge a été ajoutée plus tard à l’entrée du complexe en 1784. En outre, durant les guerres des religions, la mosquée a servi de dépôt, ce qui l’a préservée de la destruction.  

Architecture

La mosquée Iljaz Bej Mirahori est un exemple typique de l’architecture des églises paléo-byzantines. Sa construction a été faite à base de cubes de plomb, ce qui est inhabituel pour l’époque. Néanmoins, cette technique a permis à l’édifice de survivre au tremblement de terre qui s’était produit en 1960, même si la tour de l’horloge et le minaret ont été détériorés. Les matériaux de construction utilisés, principalement la pierre et la brique, reflètent l’harmonie entre solidité et esthétique.

L’extérieur de la mosquée se distingue par le minaret, qui, bien que simple dans sa conception, offre une vue imprenable sur la ville de Korçë et ses environs. Cet élément, symbole de l’appel à la prière, fut un repère pour les habitants de la localité pendant des siècles.

À l’entrée de la mosquée, on peut voir des versets coraniques écrits en plomb. Sur la porte d’entrée de l’édifice est inscrit : « Le bâtisseur de cette noble et bénéfique œuvre, Ilyas Bey Mirahori, a érigé cette mosquée en l’an neuf cent un » (d’après le calendrier islamique de l’Hijri ou l’Hégire). Au-dessus d’elle se trouve également un mafil. Un dôme en plomb surmonte la verrière de la salle principale.  

À l’intérieur, la décoration est sobre mais significative. Les murs sont ornés d’un immense lustre ainsi que de motifs géométriques et floraux discrets, typiques de l’art islamique ottoman. On peut aussi y admirer des fresques en bois et des peintures datant du XVIIIe siècle représentant Médine et La Mecque. Les arcs et les colonnes sont minutieusement sculptés. Plusieurs fenêtres se trouvant sur les murs latéraux permettent d’éclairer la salle principale avec la lumière naturelle du soleil, offrant une atmosphère sereine et propice à la prière et la méditation.

En outre, la mosquée comprend une salle de prière ainsi qu’un vestibule subdivisé en trois sections. De forme carrée, la salle de prière est surmontée d’une coupole semi-circulaire soutenue par des trompes d’angle. Ces derniers étaient utilisés pour la première fois dans leur forme complète en Albanie. Sur le mur sud se trouve le mihrab agrémenté de motifs en stalactites, avec la chaire placée à proximité.

La symbolique religieuse et spirituelle

La mosquée Iljaz Bej Mirahori, comme toutes les mosquées, est avant tout un lieu de culte. Elle sert de point de rassemblement pour les prières quotidiennes, mais aussi pour les événements religieux majeurs tels que le Ramadan et l’Aïd. Dans une ville où l’islam s’est largement répandu sous la période ottomane, cette mosquée a joué un rôle central dans la vie religieuse des habitants.

Toutefois, la mosquée Iljaz Bej Mirahori ne se limite pas à sa fonction religieuse. Pendant des siècles, elle a été un lieu d’enseignement et de transmission des savoirs islamiques. Les medersas adjacentes à la mosquée formaient les futurs érudits, et l’édifice accueillait également des débats théologiques et philosophiques. Ce rôle éducatif a renforcé l’importance de la mosquée au sein de la communauté locale, en faisant un lieu de savoir aussi bien que de spiritualité.

Restauration et conservation du patrimoine

La mosquée Iljaz Bej Mirahori a subi les affres du temps et de l’histoire. Après sa construction, cet édifice a été restauré à trois reprises, à savoir en 1562, 1831 et 1887. Il est important de noter que la Mosquée Iljaz Bej Mirahori a été déclarée monument de la culture en 1948.

Au cours des siècles suivants, la mosquée a été partiellement endommagée par plusieurs tremblements de terre. Ces catastrophes ont entraîné la détérioration de certaines parties de la mosquée, y compris son minaret, qui a dû être restauré à plusieurs reprises.

En dépit de ces défis, des efforts constants ont été déployés afin de préserver cet édifice historique. Les restaurations les plus importantes ont eu lieu dans les années 1960, lorsque le gouvernement albanais a reconnu la mosquée comme monument national. À cette époque, des experts en architecture ottomane ont supervisé les travaux pour garantir l’authenticité des travaux.

Malheureusement, dans les années 1990, le minaret a été publiquement détruit sur ordre du régime communiste. Ce n’est qu’en 2014 que le minaret a été reconstruit adoptant un style un peu distinct de l’original. Quant à la tour de l’horloge, elle a été réédifiée en 2015.

La Mosquée Iljaz Bej Mirahori aujourd’hui

De nos jours, la mosquée Iljaz Bej Mirahori occupe une place particulière dans le paysage culturel et religieux de Korçë. Bien que l’Albanie ait connu des périodes de sécularisation forcée, notamment sous le régime communiste d’Enver Hoxha, qui déclara le pays comme le premier État athée au monde en 1967, l’islam a toujours été important dans l’identité culturelle de la région.

La mosquée, bien qu’elle ait été fermée pendant plusieurs décennies sous le régime communiste, a rouvert ses portes après la chute du gouvernement. Depuis, elle est redevenue un lieu de culte actif et un symbole du renouveau spirituel en Albanie. En outre, elle attire de nombreux visiteurs, tant locaux qu’internationaux, intéressés par l’histoire et l’architecture ottomane.

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